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Une étude et quelques controverses

Des limites de certaines études.

Traduction par Elisabeth.

Cette page comprend la traduction de l'abstract de l'étude conduite par C. Carlos Sampedrano , V. Chetboul, J. Mary , R. Tissier, M. Abitbol, F. Serres, V. Gouni, A. Thomas, and J.-L. Pouchelon Unité de Cardiologie d'Alfort, Maisons-Alfort, France, UMR INSERM ENVA U841 (Institut National de la Santé et la Recherche Médicale), Maisons-Alfort,France, Unité de Pharmacie-Toxicologie, Maisons-Alfort,France, UMR 955, Génétique Moléculaire et Cellulaire, École Nationale Vétérinaire d'Alfort, Maisons-Alfort,France, and ANTAGENE, Laboratoire de Recherche et d'Analyses en Génomique Animale, Limonest, France.
Cet abstract est accessible sur diverses sources dont celle-ci par exemple.

Lui font suite les réactions de Mark Kittleson, transmises à sa demande par l'éleveuse dont "le mot de&hellip" suit.

Nous reprenons volontairement les textes originaux suivis de leur traduction.

Abstract de l'étude

Prospective Echocardiographic and Tissue Doppler Imaging Screening of a Population of Maine Coon Cats Tested for the A31P Mutation in the Myosin-Binding Protein C Gene: A Specific Analysis of the Heterozygous Status

Etude prospective par écho-doppler couleur tissulaire d'une population de Maine Coons testés pour la mutation du gène de la protéine C de liaison à la myosine A31P

Contexte

La mutation A31P
En octobre 2005 paraissent les résultats de l'étude conduite par les docteurs Meurs et Kittleson et leur équipe sur une mutation causative de CMH chez le MC.
Ils ont caractérisé la mutation nommée MyBPC3 ou A31P à partir de la colonie de MC élevée à cet effet par cette équipe, et suivie pendant une dizaine d'années.
Ils mettent au point le premier test de son dépistage dans l'ADN des chats, vite suivis en Europe par différents laboratoires.
A mutation in the sarcomeric gene coding for the myosin-binding protein C gene has been identified in a colony of Maine Coon cats with hypertrophic cardiomyopathy (MyBPC3-A31P mutation). However, the close correlation between genotype and phenotype (left ventricular hypertrophy [LVH] and dysfunction) has never been assessed in a large population, particularly in heterozygous (Hetero) cats.

Une mutation dans le gène sarcomérique codant pour la protéine C de liaison à la myosine a été identifiée dans un groupe de Maine Coons présentant une cardiomyopathie hypertrophique (mutation MyBPC3-A31P). Cependant, on n'a jamais établi d'étroite corrélation entre génotype et phénotype (l'hypertrophie du ventricule gauche et le dysfonctionnement) dans une large population, notamment chez les chats hétérozygotes.

Objectifs

La pathologie évolue dans le temps, jusqu'à se traduire par l'épaississement de certaines parties du ventricule gauche.
Avant cela, d'autres modifications plus discrètes mais décelables par échographie peuvent permettre de poser le diagnostic d'une CMH débutante.
To investigate LV morphology and function with echocardiography and tissue Doppler imaging (TDI) in a population of Maine Coon cats tested for the MyBPC3-A31P mutation with focus on Hetero animals.

Étudier la morphologie et le fonctionnement du ventricule gauche avec un écho-doppler tissulaire couleur (TDI) dans une population de Maine Coons testés pour la mutation MyBPC3-A31P en se focalisant sur les animaux hétérozygotes.

Animaux

Ninety-six Maine Coon cats.

Quatre-vingt seize Maine Coons.

Methode

Prospective observational study. Cats were screened for the MyBPC3-A31P mutation and examined with both echocardiography and 2-dimensional color TDI.

Étude d'observation prospective. Les chats ont été testés pour la mutation MyBPC3 et examinés par échographie et avec un écho-doppler couleur en deux dimensions.

Valeur de P
P est le seuil à partir duquel on considère que la différence observée dans une comparaison est statistiquement significative, c'est-à-dire avec une faible chance d'être due au hasard.
La valeur P ≤ 0.05 (5%) signifie qu'il y a moins d'une chance sur 20 que la différence observée soit due au hasard.
Elle est donc admise comme étant significative d'une modification du paramètre liée non au hasard mais aux caractéristiques des groupes de chats testés (ici leur statut génétique).

Resultats

Fifty-two out of 96 cats did not have the mutation (wild-type genotype, Homo WT), 38/96 and 6/96 were Hetero- and homozygous-mutated (Homo M) cats, respectively. Only 11% of Hetero cats (4/38) had LVH and 29% (10/34) of Hetero cats without LVH were >4 years old (4.1–11.5 years). LVH was also detected in 2 Homo WT cats (4%). A significantly decreased (P < .05) longitudinal E/A (ratio between early and late diastolic myocardial velocities) in the basal segment of the interventricular septum was observed in Hetero cats without LVH (n = 34) compared with Homo WT cats without LVH (n = 50), thus confirming that the Hetero status is associated with regional diastolic dysfunction (P < .05).
Ratio E/A et diastole ventriculaire
Le ventricule se remplit au cours de sa diastole (ou "repos") avec le sang venu de l'oreillette, par ouverture de la valvule mitrale. Certains paramètres de ce remplissage caractérisent le fonctionnement diastolique, le rapport E/A étant l'un d'eux.
E : vitesse maximale du remplissage rapide protodiastolique.
A : vitesse maximale du remplissage dû à la contraction auriculaire.
La baisse de E/A traduit un dysfonctionnement diastolique.

Cinquante-deux des 96 chats n'étaient pas porteurs de la mutation (génotype Wild Type, homozygote WT), 38/96 étaient hétérozygotes et 6/96 homozygotes mutés (homo M). Seulement 11% des chats hétérozygotes (4/38) avaient une hypertrophie du ventricule gauche et 29% (10/34) des chats hétérozygotes sans hypertrophie du ventricule gauche avaient plus de 4 ans (4,1 – 11,5 ans). Une hypertrophie du ventricule gauche a aussi été détectée chez deux homozygotes WT (4%). On a observé un ratio longitudinal E/A (ratio entre les vitesses myocardiques diastoliques) nettement diminué (P < .05) dans le segment de base du septum interventriculaire chez les chats hétérozygotes sans hypertrophie du ventricule gauche en comparaison avec celui des chats homozygotes WT sans hypertrophie du ventricule gauche (n = 50), confirmant ainsi que le statut hétérozygote est associé à une dysfonction diastolique isolée (P < .05).

Conclusions

The heterozygous status is not consistently associated with LVH and major myocardial dysfunction. Moreover, Homo WT cats can also develop LVH, suggesting that other genetic causes might be implicated.

le statut hétérozygote n'est pas systématiquement associé à une hypertrophie du ventricule gauche et à un dysfonctionnement cardiaque majeur. De plus, les chats homozygotes sauvages WT peuvent aussi développer une hypertrophie du ventricule gauche, ce qui suggère que d'autres causes génétiques peuvent être impliquées.

Les commentaires de M. kittleson

Premier commentaire

Per Dr. Kittleson's Request, I am including his comments on the French HCM Study he sent to me today. I have uploaded the file to the file section of the UnmodMCHealth group. I would ask that it also be posted to the other Maine Coon groups along with Dr. Kittleson's statement below.

A la demande du Dr Kittelson, je vous transmets ses commentaires à propos de l’étude française sur la CMH qu’il m’a envoyée aujourd’hui. J’ai téléchargé le fichier dans la section des fichiers du groupe UnmodMCHealth. Je vous demande de le diffuser également auprès des autres groupes sur le Maine-Coon, ainsi que les commentaires du Dr Kittelson que vous trouverez ci-dessous.

From Dr. Kittleson, 21 janvier 2009 :
I've attached a very interesting paper that just came out in the Journal of Veterinary Internal Medicine. This French group looked at 96 Maine Coons during screening clinics of which 44 had the A31P mutation. Of these 96, 45 were less than 2 years of age (too young to have HCM in most instances).Ten cats had obvious HCM - 2 that did not have the A31P mutation and 8 that did. There were 6 that were homozygous for the A31P mutation and 4 of them (67%) had HCM. Of the 38 heterozygotes, 4 had obvious HCM (thickened wall). In addition, they found evidence that the left ventricle could not relax properly (a common manifestation of HCM) in 4 other cats. So all told, 8 of the 38 heterozygotes had evidence of HCM.

Je joins un document très intéressant qui vient d'être publié par le Journal of Veterinary Internal Medicine. Ce groupe français a étudié 96 Maine Coons, dont 44 étaient porteurs de la mutation A31P, au cours d'examens échographiques. De ces 96 chats, 45 avaient moins de deux ans (trop jeunes pour avoir une HCM dans la plupart des cas). Dix chats présentaient une HCM évidente : 2 qui n'avaient pas la mutation A31P, et 8 qui l'avaient. 6 étaient homozygotes pour la mutation A31P et 4 d'entre eux (67%) avaient une HCM. Des 38 hétérozygotes, 4 avaient une HCM évidente (paroi épaissie). En outre, ils ont trouvé la preuve que le ventricule gauche ne pouvait pas se relaxer correctement (une manifestation commune de HCM) chez 4 autres chats. Donc, tout confondu, 8 des 38 hétérozygotes présentaient une HCM évidente.

So it looks like my estimate of 3% was way too low. They say the word "only" several times in the paper but I would strongly disagree with that characterization. More than 10% had HCM. That's a very high percentage.

Il semble donc que mon estimation de 3% était bien trop basse. Ils disent le mot ''seulement'' plusieurs fois dans le document, mais je suis fortement en désaccord avec cette appréciation. Plus de 10% avaient une HCM. C'est un pourcentage très élevé.

Also, as promised, the percentage of cats that were homozygous for the mutation that had HCM, even at a young age, was very high.

De plus, comme on pouvait s'y attendre, le pourcentage de chats homozygotes pour la mutation qui avaient une HCM, même à un très jeune âge, était très élevé.

The percentage of cats examined in this study that were too young to have HCM was very high and it appears that none of those cats had evidence of HCM. So, in reality those should be excluded from analysis making all of the percentages much higher (probably 100% of the homozygotes and maybe 8 of 20 or so heterozygotes had some evidence of HCM).

Le pourcentage de chats examinés au cours de cette étude qui étaient trop jeunes pour avoir une HCM était très élevé, et il apparaît qu'aucun de ces chats ne présentait d'HCM déclarée. Ainsi, en réalité, ceux-ci devraient être exclus de l'analyse car ils augmentent tous les pourcentages (il est probable que 100% des homozygotes et 8 des 20 hétérozygotes présentaient une HCM).

As expected, the penetrance of the mutation (the percentage of cats with the mutation that have evidence of HCM) was not 100% and appears to correlate quite well with what is seen in humans with a myosin binding protein C mutation.

Comme on s'y attendait, la pénétrance de la mutation (le pourcentage de chats porteurs de la mutation qui ont une HCM déclarée) n'était pas de 100% et cela semble être très bien corrélé avec ce qui est observé chez les humains qui ont une mutation de la protéine C de liaison à la myosine.

And as we've said for 3 years or more now, there appears to be at least one more mutation in the breed. The number of cats with HCM without the A31P mutation was actually quite a lot smaller than expected in this study (n=2).

Comme nous le disons depuis 3 ans ou plus maintenant, il semble qu'il y ait au moins une autre mutation dans la race. Le nombre de chats avec une HCM sans la mutation A31P était en fait bien plus faible que l'on ne s'y attendait dans cette étude.

Jan - please post these comments along with the paper on your chat line for me. Thanks.
Dr. Kittleson
Mark D. Kittleson, DVM, PhD
Diplomate ACVIM (Cardiology)
Professor, Dept. of Medicine and Epi.
School of Veterinary Medicine
UCDavis

Suite

Forwarded with permission : In a message dated 1/21/2009 9:07:57 AM Pacific Standard Time, mdkittleson@ucdavis.edu writes:
One other comment I forgot to make yesterday that should be made to your group. I know there have been some rumblings out there with regard to the validity of the A31P mutation being an actual cause of HCM. This was obviously due to the fact that there isn't 100% penetrance (not all cats that are heterozygous get HCM). However, the findings of a very high incidence of HCM in the homozygous cats in this new paper once again dispel this notion.
Mark D. Kittleson, DVM, PhD
Diplomate ACVIM (Cardiology)
Professor, Dept. of Medicine and Epi.
School of Veterinary Medicine
UCDavis

Voici un autre commentaire que j'ai oublié de faire hier et qui doit être communiqué à votre groupe. Je sais qu'il y a eu du bruit à propos du bien-fondé de la mutation A31P comme cause réelle de HCM. C'était à l'évidence dû au fait qu'il n'y a pas une pénétrance à 100% (tous les chats hétérozygotes ne déclarent pas une HCM). Cependant, les conclusions d'une incidence très élevée de HCM chez les chats homozygotes dans ce nouveau document dissipent à nouveau cette notion.

Le commentaire de Jane Dell, éleveuse

But there was also a tremendous amount of bias in the study. They did not include any Maine Coons with HCM who were already diagnosed and being treated. :-( Add the bias that the study only involved cats in breeding homes, breeders that were willing to sign releases, and that NONE of the cats in the study were over 4.5 years of age, and many were under 2 years (an age at which they are unlikely to show HCM even if they later develop it).

Mais il y avait aussi un énorme parti pris dans l'étude. On n'a intégré aucun Maine Coon avec une HCM déjà déclarée et en cours de traitement. Ajoutez le biais que l'étude ne comprenait que des chats qui sont chez des éleveurs d'accord pour la publication des résultats, qu'AUCUN des chats de l'étude n'avait plus de 4 ans et demi, et que nombre d'entre eux avaient moins de 2 ans (un âge auquel ils ne sont pas susceptibles de présenter des signes de CHM, même s'ils en développent une plus tard).

I doubt if there will ever be a study that will satisfy some (most?) Maine Coon breeders. There are always excuses why the study isn't valid. So far I've heard lack of genetic diversity (with no knowledge of pedigrees), not a large enough study (how many cats would be "large enough"), etc.

Je doute fort qu’une étude parvienne jamais à satisfaire certains ( la plupart des ?) éleveurs de Maine-Coon. Il y a toujours de bons prétextes pour lesquelles l'étude n'est pas valable. Jusqu'à présent, j'ai entendu parler de manque de diversité génétique (avec aucune connaissance des pedigrees), d'étude pas assez étendue (quel nombre de chats serait-il "assez étendu"), etc.

I'm sure that even if UC Davis or WSU funded a large comprehensive study there would be naysayers. Would 500 - 1000 cats be enough? Would every cattery be willing to give up one of their young breeding cats (researchers' choice) picked at random to participate in the study with full disclosure? Would anyone be willing to pay for the upkeep of their donated cat for its lifetime (food, litter, etc) so the researchers could afford to do such a study? I'm betting not.

Je suis certaine que même si UC Davies ou WSU (Washington State University, ndt) finançaient une grande étude exhaustive, il y aurait des gens pour objecter. Est-ce que 500 à 1000 chats seraient suffisants ? Chaque chatterie accepterait-elle de céder l'un de ses jeunes chats de reproduction (au choix des chercheurs), au hasard, pour participer à l'étude dans une transparence totale ? Quelqu'un accepterait-il de payer pour l'entretien à vie du chat qu'il aurait donné (nourriture, litière etc.) afin que les chercheurs aient les moyens de faire une telle étude. Je parie que non.

I don't have all the answers. But what I do know is that HCM is not "e;rare"e; in the Maine Coon. We owe it to this breed to be diligent in assessing the risk, and avoid breeding risky cats as much as possible.

Je n'ai pas toutes les réponses. Mais ce que je sais, c'est que la HCM n'est pas "rare" chez le Maine Coon. Nous devons à cette race d'être rigoureux dans l'évaluation du risque, et d'éviter de faire reproduire des chats à risque dans la mesure du possible.

 

Jan Dell, Woodpile Maine Coons
"Cats That Chat"

Le mot de Cooncept

Tout ceci comme un état des lieux, en ce début 2009, de ce qui agite le monde du Maine Coon depuis la bombe que fut la parution de l'étude de K. Meurs, M. Kittleson et leur équipe, et ses conclusions en 2005. Une première étude d'envergure, tant par sa durée que par la découverte de la première mutation causative d'une forme de CMH chez le Maine Coon. Enfin... Pas acceptée comme causative par tout le monde. On joue sur le mot ? Disons prédisposante… Si cela avait suffi à faire l'unanimité sur la notion de risque et donc le travail corrélé nécessaire d'élimination de cette mutation du patrimoine génétique de la race, beaucoup de ce que vous venez de lire n'aurait pas été écrit aujourd'hui…

La CMH

Traduction d'une interview de M. Kittleson

Une étude de prévalence de la CMH1

© Cooncept - 2008.