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Comment devient-on éleveur de chats de race?

Le parcours pour devenir éleveur de chats Maine Coon n'est pas un long fleuve tranquille!

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un éleveur félin?

L'éleveur félin est la personne qui élève des chats. Une évidence diront certains. Mais sait-on vraiment ce que fait un éleveur félin? D'aucuns vous diront que c'est mettre deux chats ensemble et regarder faire Dame Nature. Détrompez-vous!

Un éleveur a un vrai rôle à jouer...

... vis-à-vis de ses propres chats

En amont, l'éleveur félin doit apprendre à connaître la race qu'il élève (standard, caractéristiques physiques et mentales, besoins spécifiques...), choisir ses objectifs d'élevage (type, caractéristiques particulières à préserver ...), choisir ses reproducteurs en fonction desdits objectifs (lignées, infos santé...). Et enfin, il fera les mariages entre ses chats. Bref, il doit tout planifier. Mais cela ne s'arrête pas là.

Il devra se montrer disponible pour eux (soins, entretien, câlins...), être présent pendant les naissances, intervenir au moindre problème (chaton coincé lors de la mise bas, qui ne respire plus...). L'éleveur endosse alors la casquette de "sage-femme". Ensuite, il devra constamment surveiller la maman et ses chatons, les soigner et aider ces derniers à se développer. En un mot, il sera une "seconde maman".

Il s'agira ensuite de trouver une bonne famille à ces chatons, conseiller les futures adoptants, les aider à choisir leur chaton. Et une fois les chatons partis, son rôle consistera toujours à conseiller les familles adoptantes, et répondre à leurs éventuelles questions... pour toute la durée de vie de leur chat. Ce rôle de conseiller et de spécialiste de la race élevée est un rôle qu'il ne quitte jamais.

Être éleveur demande un investissement personnel extrêmement important.

... vis-à-vis des autres éleveurs

En choisissant d'élever une race, l'éleveur félin s'engage à en être le gardien et le garant. Il doit donc faire son possible pour élever des chats qui correspondront aux caractéristiques de la race, et qui ne transmettront pas de tares létales susceptibles de continuer à se propager. C'est pourquoi un éleveur félin ne peut faire l'économie des dépistages santé pour les maladies prépondérantes dans la race qu'il élève. Chaque éleveur est responsable de l'avenir et du devenir de la race qu'il élève. J'insiste beaucoup sur ce dernier point car je pense que trop de gens l'oublient lorsqu'ils font reproduire leurs chats.

Autre point souvent oublié: la maîtrise de la consanguinité. C'est là un point essentiel si l'on souhaite que la race élevée perdure. La consanguinité en soi n'est pas néfaste, mais son utilisation abusive, non contrôlée et non réfléchie entraîne par contre des conséquences fâcheuses sur la santé animale (apparition plus fréquente de maladies récessives, affaiblissement du système immunitaire, baisse de la fertilité). L'étude des pedigrees est essentielle, et cela requiert de longues heures d'apprentissage et de recherche sur les lignées. La Database suédoise Pawpeds est à cet égard un outil de travail indispensable.

Vous l'aurez compris, on ne s'improvise pas éleveur. Mais alors, comment le devient-on? Existe-il une formation? Est-ce un métier?

L'éleveur félin, selon la loi française

Toute personne faisant reproduire son/ses chats est un éleveur félin. Une distinction est néanmoins à faire entre élever en tant qu'"amateur" ou en tant que "professionnel".

Mais depuis le 6 janvier 1999, tout éleveur faisant naître plus d'une portée par an est considéré comme éleveur "professionnel".

Vous pouvez prendre connaissance du contenu de cette Loi du 6 janvier 1999 sur le site du LOOF (article 12 et suivants).

En outre, tout éleveur doit posséder un affixe LOOF, Livre Officiel des Origines Félines (équivalent du LOF pour les chiens) c'est-à-dire un nom de chatterie enregistré au LOOF, afin de pouvoir céder ses chatons avec pedigree (rappel: un chat né en France mais ne possédant pas de pedigree LOOF n'est pas un chat de race, et ce même si ses parents possèdent eux mêmes un pedigree LOOF).
Un affixe LOOF définitif coûte 180€. Cela comprend uniquement l'achat de l'affixe, qui est attribué à vie.

L'éleveur doit aussi posséder un certificat : le CETAC, Certificat d'Etudes Techniques de l'Animal de Compagnie option "chat". Il peut être obtenu à l'issue d'une formation de 3 jours qui dispense des informations de base aux éleveurs. Pour pouvoir s'inscrire, il faut s'acquitter de 230€. Vous trouverez plus d'informations sur le CETAC sur le site du LOOF.

Il est possible, si on ne souhaite faire faire qu'une seule portée à sa minette, de prendre un affixe temporaire. Cet affixe occasionnel coûte 50€. Mais il n'est valable que pour une seule et unique portée dans la vie de l'éleveur. Si une personne souhaite ensuite faire faire une 2ème portée, alors elle devra prendre un affixe définitif (180€ + la formation obligatoire au CETAC, 230€).

L'éleveur "professionnel" (plus de 1 portée par an) doit remplir plusieurs obligations vis à vis de l'institution :

  • Se déclarer à la Préfecture et à la DSV, Direction des Services Vétérinaires de son département.
  • Posséder un numéro de SIRET : la chatterie est en effet considérée comme une activité agricole à part entière, avec les obligations qui en découlent : tenue d'un cahier retraçant les entrées et sorties, d'un cahier vétérinaire, et obligatoirement cotiser pour la MSA. Mutuelle Sociale Agricole
  • Posséder un Certificat de Capacité, qui atteste de ses connaissances et qui fait donc office de diplôme : Le CETAC " option Chat ".

Là encore, être éleveur ne s'improvise pas et nécessite d'être capable de se renseigner au préalable, d'assurer les démarches administratives imposées par la loi, pour être en règle avec les institutions, et aussi de se former un tant soit peu.

Pour cela, la formation pour obtenir le CETAC est d'excellente qualité et donne de bonnes bases de travail, mais elle ne suffit pas. L'éleveur doit être capable d'apprendre constamment, à travers ses échanges avec les autres éleveurs (faire partie de groupes de discussions d'éleveurs est une bonne idée, voire une nécessité), les vétérinaires (et leurs publications, mises à disposition dans les écoles vétérinaires ou parfois directement sur internet), mais aussi assister à des conférences (dans la mesure du possible), être capable de rechercher des informations sur internet, et enfin lire abondamment des ouvrages consacrés à l'élevage et à la santé féline.

La recherche d'informations auprès de sources de qualité et un travail de réflexion sont aussi des nécessités.

Comment devient-on éleveur?

Bien souvent, par hasard, suite à un coup de cœur. Il est difficile de généraliser, car chaque parcours est unique. En un mot, il n'y a pas vraiment de recette.

Cependant, il existe des constantes. Rares sont les personnes qui s'engagent dans l'élevage avec cette idée clairement en tête.

Comment définir le point de départ d'une passion?

Il y a tout d'abord... la rencontre, souvent au détour d'un magazine, ou d'une exposition. Un chat, avec ce regard, cette apparence ou cette douceur particulière, vous frappe. Par simple curiosité, vous cherchez à en savoir plus, pour vous apercevoir ensuite que, décidément, ce chat vous plaît énormément, et qu'il serait vraiment pour vous le chat idéal. Vous vous mettez à en rêver.

Puis, un beau jour, vous vous décidez à "passer à l'acte" (souvent après avoir fait quelques économies). Vous commencez par prospecter, dans des expositions félines, et/ou sur internet, puis vous visitez des chatteries... et soudain, vous tombez sur ce chaton qui a ce "je-ne-sais-quoi" en plus : un regard, une attitude, une frimousse particulière. C'est La Rencontre avec votre "bonheur sur pattes". Et quelques temps plus tard, c'est "l'Arrivée" tant attendue.

Sur les conseils de l'éleveur, ou d'ami(e)s félinophiles, vous vous décidez à présenter votre louloute en exposition. Après tout, pourquoi pas? Vous rencontrerez d'autres propriétaires amoureux de leurs chats, et l'ambiance des expositions vous semble bon enfant. De plus, avoir un avis éclairé sur votre petit amour, vous fait tout simplement plaisir. Il est si beau, et vous en êtes si fier.

À l'exposition, vous rencontrez plein d'éleveurs passionnés. D'ailleurs, le courant passe tellement bien avec certains d'entre eux que vous vous liez d'amitié, et, plus tard, à force de leur rendre visite et de les voir évoluer avec leurs chatons, vous vous dites que ça vous tenterait bien d'avoir les vôtres à la maison. Enfin, au moins une fois. Juste une fois. Et vous vous lancez alors à la recherche d'un autre Maine-Coon, mais cette fois-ci, pour la reproduction. Vous avez été en quelque sorte... "contaminé".

Autre cas de figure, à ces mêmes expositions, des âmes bien intentionnées vous disent que ce serait dommage de faire stériliser votre chat (s'il n'a pas déjà été stérilisé) ; il est tellement beau. Et si en plus les juges le récompensent... Alors pourquoi pas? Mais alors rien qu'une seule portée. Ce pourrait être une expérience intéressante. Et avoir plein de petits chatons de votre animal favori, ce serait amusant.

Dans les deux cas, il vous faudra trouver le bon partenaire pour votre minette. Comment faire? Vous vous renseignez auprès de l'éleveur de votre chat, et sur internet, pour savoir comment procéder pour trouver une saillie.

Soit vous louez les services d'un mâle chevronné d'élevage, soit vous l'achetez (là encore, pas mal de parcours divergent; certains se sont déjà pris au "jeu", et se lancent pleinement dans l'aventure en achetant un mâle). Mais comment le choisir?

Vous débutez alors un programme de recherche intensif: vous apprenez à lire les pedigrees, grâce à la Database Pawpeds ; vous visitez beaucoup de sites d'éleveurs pour glaner un maximum d'informations ; dans le même ordre d'idée, vous participez à des forums spécialisés "chats", et commencez à savoir bien vous servir de certains moteurs de recherche (Google, Yahoo...).

C'est là, au gré de vos lectures, que vous commencez à vous rendre compte que ce n'est pas aussi simple que vous le pensiez au départ.

Soit vous vous prenez au jeu, et continuez à en apprendre toujours plus. Vous adorez ce que vous apprenez, et souhaitez en apprendre toujours et encore plus. Vous serez ainsi "au point" pour la naissance de votre portée - portée qui ne sera certainement pas la dernière. A partir de là, vous serez compté au nombre des personnes affectées par ce terrible virus de l'élevage-passion. Et je suis au regret de vous dire que l'on n'en guérit pas. Oh, on peut finir par arrêter, mais on n'est jamais sûr de ne pas rechuter de temps à autre, au cours de sa vie :-))

Soit vous commencez à vous dire que décidément, vous n'avez pas assez de temps à consacrer à cet élevage-loisir, et qu'il y a vraiment trop de contraintes :

  • Passer des vacances, certes agréables, avec tous ses chats, c'est merveilleux, surtout lorsqu'on les passe à s'occuper de ces petites boules de poils espiègles et ronronnantes que sont les chatons. Mais justement, il faut être prêt à toujours les passer avec les chats et chatons. Exit les longues absences pour cause de voyage d'agrément. Lorsqu'on a beaucoup de chats, et a fortiori des portées, des mises bas à gérer, ainsi que des chatons dont il faut s'occuper et à socialiser, il faut être très disponible - et justement à la belle saison.
  • Les chats vous prennent constamment tout votre temps libre, et vous aimeriez bien faire autre chose. Mais ce ne sont pas des peluches: on ne les range pas sur l'étagère lorsqu'on a fini de jouer avec eux.
  • Entretenir toutes ces bêtes est coûteux, très coûteux (nourriture de qualité, litière, jouets, soins, tests). Et plus vous avez de bêtes, plus vous avez de chance de rendre des visites fréquentes à votre vétérinaire.
  • Être prêt à parcourir de nombreux kilomètres, pour aller chercher ses chats (surtout lorsqu'on s'efforce de trouver des lignées peu utilisées), et, lorsqu'on ne possède pas son propre mâle reproducteur, pour emmener mimine, au moment où elle l'aura décidé (chaleurs obligent), rendre visite à son prétendant (déjà pas facile à trouver), et qui en plus habite bien souvent loin... très loin. Et, bien sûr, les expositions félines, indispensables pour que l'éleveur puisse confronter le "fruit de son travail" au regard de juges compétents : là encore, il faut prendre la voiture et conduire sur de très longues distances ; cela prend du temps, et engendre pas mal de frais.
  • Répondre aux obligations institutionnelles (affixe définitif, déclarations, tenue de comptes...) est également contraignant, et nécessitera de réviser l'organisation de sa maisonnée pour répondre aux critères de la DSV, Direction des Services Vétérinaires (infirmerie, nurserie, pièce pour séparer le mâle des femelles, et mesures prophylactiques).
  • Et enfin, il faut être prêt à être encore plus rigoureux sur le plan du ménage, et donc y passer un peu plus de temps qu'à l'ordinaire. Plus on a de chats, plus il faut "d'huile de coude" (car plus de poils et plus de caisses à nettoyer), en particulier lorsqu'on a des chatons en période de sevrage! Et la régularité est essentielle si on ne veut pas vivre dans une maison / appartement rapidement plein de poils, de graviers de litière, le tout agrémenté d'odeurs "discutables" ; ah l'arôme délicat de l'urine des mâles ! Quand ce ne sont pas les marquages sexuels ! Surtout qu'il en va également de la santé de vos chats, car de cela dépend en grande partie du bon entretien des locaux, qui, allié à une hygiène rigoureuse, permet de prévenir bon nombre de maladies.

Ainsi vont les contraintes, et si elles sont pesantes et que la joie d'avoir des chatons et de les voir grandir ne les contrebalance pas, alors mieux vaut s'arrêter à la première portée, voire avant la première portée. Comme nous l'avons vu plus haut, élever implique des responsabilités, vis-à-vis de ses propres bêtes, mais aussi vis-à-vis d'autrui : les personnes à qui les chatons sont confiés, et qui s'adressent à l'éleveur en toute confiance, et la race elle-même.

Peut-on vivre de l'élevage?

Tout dépend ce qu'on entend par élevage: l'élevage-loisir ou l'élevage-métier, et donc si c'est la seule source de revenu ou pas.

L'élevage-loisir

Dans ce cas, l'élevage est une activité dite de loisir, que l'éleveur fait en plus d'un travail autre, source de ses revenus. Le nombre de chats dans ce type d'élevage doit forcément être limité. Le nombre dépendra du type d'habitation (maison ou appartement), de sa taille, et des aménagements possibles (enclos extérieur, balcon...). Les chats font partie intégrante de la famille, et partagent les activités quotidiennes des humains. C'est la raison pour laquelle on appelle ce type d'élevage : "élevage familial".

L'éleveur "familial" ne vit pas de sa passion. Au mieux, il arrive à équilibrer ses dépenses grâce à la vente de ses chatons. Mais dans ce cas, il faut que les conditions d'élevage soient optimales: pas de chats malades, pas d'avortements, pas de problèmes lors de la mise bas, pas de décès de chatons (malformations congénitales, maladies), que les portées soient suffisamment nombreuses (si un seul chaton naît, il est évident que la vente du chaton ne pourra pas couvrir les frais de dépistage génétique des parents, les tests, bilan santé, prix de saillie... qui devront être assumés entièrement par l'éleveur), etc. Au pire, l'éleveur comble les "trous" grâce à son travail de salarié. Elever est un loisir coûteux.

L'élevage-métier

L'élevage est dans ce cas le seul métier de l'éleveur, et sa source de revenu. Le nombre de chats est alors forcément important, et il n'est pas rare que ces éleveurs élèvent d'autres races ou animaux (chiens), ou exercent une autre activité comme la pension. Pour ce faire, il faut des structures spécifiques: des locaux entièrement dédiés aux animaux, avec éventuellement des salariés, pour aider à leur entretien, pour aider aux soins des chats et chatons... Il s'agit là d'une véritable entreprise agricole.

Il faut savoir que la majorité des éleveurs félins exercent cette activité comme un loisir. Ceux qui vivent de l'élevage sont bien plus rares.

Conclusion

Etre éleveur ne s'improvise pas. Pour élever, il faut être véritablement passionné, posséder des connaissances bien précises sur la race élevée (cela s'apprend! Et comme il n'existe pas vraiment de formation, il faut se former tout seul), et maîtriser des savoir-faire bien particuliers.

Lorsqu'on veut faire reproduire son chat, même pour une seule portée, il faut avoir conscience des responsabilités que cela implique:

  • vis-à-vis de ses chats
  • vis à vis des propriétaires des chatons cédés
  • vis à vis de la race élevée

L'éleveur doit assumer des obligations légales, mais aussi et surtout morales et techniques.

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